Deux heures de promenade à travers les passages parisiens du Palais Royal au faubourg Montmartre pour 11 Jansoniens qui s'étaient donné rendez-vous devant le kiosque des Noctambules, place Colette.
Qu'est-ce qu'un passage? Une petite voie de statut privé le plus souvent piétonnière qui relie deux artères qui permet de s'abriter du soleil ou de la pluie.... c'est cela que nous vous invitons à découvrir dans cet article.
Notre déambulation commence au Palais Royal où, à partir de 1781, le propriétaire, le très dispendieux duc d'Orléans, fait entourer son jardin d'immeubles locatifs et de boutiques afin de s'acquitter de ses dettes grâce aux loyers perçus.
L'architecte Victor Louis conçoit cet ensemble monumental mais faute d'argent le projet n'est pas totalement achevé. La partie sud qui devait recevoir une colonnade couverte en terrasse est remplacée par des baraques en bois dont la disposition intérieure en fait le prototype des passages couverts. Dans ce lieu "royal" la police est exclue ce qui permet tous les plaisirs licites et illicites. Ces baraques construites pour ne pas durer se dégradent assez vite, Balzac dans "Illusions perdues" évoque sans complaisance "ces ignobles morceaux de bois" !
Ces passages couverts ont la forme d'une rue intérieure adaptée à plusieurs types de terrain. Cela permet d'optimiser l'espace disponible en facilitant la liaison entre les quartiers. De part et d'autre de la "rue" centrale, des boutiques dotées de vitrines permettent une véritable mise en scène des marchandises. En même temps que les passages, se développent aussi des rues à arcades dont les plus marquantes sont la rue des Colonnes en 1791, la rue de Rivoli de la place de la Concorde au Louvre construite entre 1802 et 1835.
Les Passages sont implantés là où le commerce est le plus lucratif à proximité des foyers de vie sociale ou des pôles d'attraction dominants comme les théâtres, les panoramas, les terminus parisiens des diligences et les gares. Les passages s'enfilent souvent les uns dans les autres comme les passages Jouffroy et Verdeau.
L'architecture est à la fois classique et novatrice: l'éclairage zénithal qui introduit la lumière naturelle dans des espaces clos est privilégié. Les bâtiments préexistants sont souvent réutilisés ce qui donne quelques trouvailles ingénieuse comme l'usage de rotondes pour rendre imperceptible une légère déviation de l'axe imposé par l'existence de bâtiments antérieurs. Une ossature métallique surplombe l'ensemble avec un toit de verre avec des aménagements d'aération. Les boutiques se succèdent; elles sont toutes identiques comprenant le plus souvent un rez-de-chaussée et un étage avec une fenêtre en arc en plein cintre. Le dallage est soit le fruit d'initiatives individuelles soit l'objet d'un traitement décoratif unitaire. Enfin ces passages sont éclairés par des lampes à gaz à l'origine aujourd'hui remplacé par l'électricité.
Ces passages sont animés. On y trouve des bars, des restaurants, des marchands d'art mais aussi des librairies de livres anciens, de bandes dessinées, des bouiques de luxe. Ces passages ont connu leurs heures de gloire au XIXème siècle, ont failli disparaître dans les années soixante-dix mais la prise de conscience de leur qualité architecturale conduit à protéger plusieurs d'entre eux au titre de monuments historiques.
Le parcours qui nous a été proposé commence au Palais Royal et continue par la galerie Vero-Dodat longue de 80 mètres inaugurée en 1826. Ce passage est construit par François Dodat, riche homme d'affaires, et un charcutier, Benoît Vero. Ce passage connait un succès immédiat car cette galerie profitait de la présence des messageries Lafitte et Caillard. Elle offrait le trajet le plus direct entre les quartiers du Palais Royal et des Halles. On peut apprécier la répétition de devantures identiques rythmées par des colonnettes. La décoration est aboutie : les globes autrefois à gaz, le ciel de la galerie entrecoupé de plafonds à caissons alternant avec les verrières, les toiles marouflées représentant des figures mythologiques.
Lui succède la galerie Vivienne doit son existence au notaire Marchoux qui résidait dans un hôtel particulier au 6 rue Vivienne. Le passage a été ouvert entre 1824 et 1826 avec un plan coudé pour s'adapter au plan des parcelles sur les dessins de l'architecte François-Jean Delannoy, grand prix de Rome en 1778. Le décor est d'une ampleur inédite. Nous admirons des motifs qui symbolisent le commerce et les arts : cornes d'abondance, caducées, couronnes de lauriers, ancres. L'unité est réalisée par son pavement en mosaïque. En parallèle à la galerie Vivienne se trouve la galerie Colbert construite en 1826. C'est une belle réussite artistique due à l'architecte Billaud. Elle offre une géométrie simple et pure, de beaux espaces comme la rotonde mais en ce samedi elle est complètement déserte ! En effet acquise par la Bibliothèque nationale, elle abrite aujourd'hui l'INHA fermé le samedi. L'animation ne provient que du restaurant "Le grand Colbert", seul commerce subsistant dans la galerie.
Puis un nouveau passage ...le passage des Panoramas qui doit son nom aux deux panoramas édifiés sur l'emplacement de l'ancien hôtel Montmorency racheté en 1798 par l'armateur américain William Thayer. Ce passage offre un raccourci entre le quartier du Palais Royal et les grands boulevards. Ce fut un des premiers lieux publics éclairés au gaz en 1816-1817. Fort de sa situation, le passage résista à la démolition des deux panoramas en 1831. Le passage est doté de nombreuses ramifications pour innerver l'îlot comme la galerie des Variétés, la galerie Saint Marc, la galerie Feydau... . Il est très animé par les bars, les restaurants et surtout les boutiques de collectionneurs. La boutique de l'imprimeur Stern est une des boutiques les plus anciennes et les plus prestigieuses du passage.
Lui succède le passage Jouffroy entré en usage en 1847. L'originalité de ce passage réside dans son plan en baïonnette avec un léger dénivelé rattrapé par un escalier dans le tronçon intermédiaire. La structure métallique témoigne de l'évolution des techniques de construction: les colonnes de fonte soutiennent les planchers et s'élèvent jusqu'à la verrière autoportante qui dispense une belle lumière. La trame des boutiques est répétée de part et d'autre même si d'un côté les vitrines ne sont qu'un décor car il n'y a aucune boutique derrière. Nous nous arrêtons devant l'entrée du musée Grévin quelques instants.
Enfin la visite s'achève avec le passage Verdeau long de 75 mètres. Ce passage était inclus dans la même opération immobilière que le passage Jouffroy. Il doit son nom à son promoteur et son architecte est Jacques Prosper Duchamp. Le décor est plus néo-classique mais la verrière est particulièrement élégante. Les boutiques d'antiquaires et de marchands d'art drainent aujourd'hui un public de collectionneurs et d'amateurs d'objets anciens.
Notre promenade s'achève et nous rejoignons le "Petit Riche", restaurant bien connu du quartier qui par son décor permet de s'immerger dans la Paris des bourgeois et de leurs cocottes.... .
L’Association amicale des anciens élèves du lycée Janson-de-Sailly, Les Jansoniens (AEJS), existe depuis 1891, sept ans après l’ouverture du lycée. Fidèle à la tradition de Janson qui a toujours cultivé l’excellence, le pluralisme, et porté haut les valeurs de la République, solidement ancrée dans les réalités du monde contemporain, Les Jansoniens sont délibérément tournés vers l’avenir, vers celles et ceux qui fréquentent aujourd'hui l'établissement, qui se préparent à animer, vivre et piloter le monde de demain. Les Jansoniens n'oublient pas pour autant celles et ceux "qui sont passés par Janson", ravis de retrouver avec Les Jansoniens des amis, un climat, une ouverture et une communauté d'esprit qui ont marqué de leur empreinte leur personnalité.
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