L’ ALTERNANCE DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR :

UN MODÈLE GAGNANT-GAGNANT ?

L’ALTERNANCE DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : UN MODÈLE D’AVENIR POUR TOUS LES ACTEURS ?

 

L’alternance, qui associe formation académique et expérience en entreprise, continue de s’imposer dans l’enseignement supérieur. En 2024, la France a franchi le cap symbolique du million de contrats d’apprentissage signés, contre 300 000 en 2018, soit une multiplication par plus de trois en six ans. Son essor repose sur un triple levier : des aides publiques puissantes, une gratuité des frais de scolarité pour l’alternant, et une insertion professionnelle accélérée.

 

1. Les atouts d’un modèle intégré

 Pour les étudiants : un investissement minimal, un retour maximal

• Une rémunération encadrée et croissante avec l’âge :
  • Moins de 18 ans : de 500 € à 850 € / mois
  • 18-20 ans : de 800 € à 1 100 € / mois
  • 21-25 ans : de 950 € à 1 300 € / mois
  • Plus de 26 ans : 100 % du SMIC voire plus (1 766 € ou plus selon la convention collective)

 À noter : un stagiaire reste rémunéré au minimum légal, soit 4,35 €/heure (soit 660 € / mois pour 35h/semaine).

• Des frais de scolarité 100 % pris en charge :
  • Dans les grandes écoles, une année coûte entre 8 000 et 20 000 €.
  • En alternance, ces coûts sont entièrement couverts par l’employeur via l’OPCO du secteur.
• Un tremplin professionnel évident :
  • En 2024, 82 % des alternants trouvent un emploi dans les 6 mois, contre 52 % en formation classique.

Pour les employeurs : un levier RH rentable

• Exonérations sociales significatives : jusqu’à 40 % d’économies par rapport à un salarié classique.
• Prime de l’État maintenue à 6 000 € par contrat en 2024, quels que soient l’âge ou le diplôme du candidat.
• Coût final réduit :
  • Un alternant payé 1 000 €/mois peut coûter moins de 450 € à l’entreprise après aides.
• Un outil de pré-recrutement stratégique : 72 % des alternants sont recrutés à l’issue de leur contrat.

Pour les écoles : attractivité renforcée et financement sécurisé

• Élargissement de l’accès : plus d’élèves issus de milieux modestes accèdent aux grandes écoles.
• Partenariats renforcés avec les entreprises, créant un cercle vertueux emploi-formation.

 Pour l’État : une politique d’investissement tournée vers l’emploi durable

• 8,2 milliards € investis en 2024 dans l’apprentissage.
• Chômage des jeunes à 14,5 % en 2024, contre 22 % en 2017.
• Retour fiscal accéléré : un jeune inséré plus vite commence à cotiser plus tôt.

2.  les limites à prendre en compte

 Pour les étudiants : intensité et rigidité

• Un rythme soutenu entre école et entreprise.
• Moins de liberté pour changer d’orientation ou explorer différents secteurs

Pour les entreprises : investissement humain et administratif

• Formalités complexes, avec des démarches administratives strictes.
• Temps de tutorat conséquent pour accompagner efficacement l’alternant.

Pour les établissements : adaptation permanente

• Réorganisation pédagogique indispensable pour caler les périodes en entreprise.
• Besoin de coordination renforcée avec les tuteurs professionnels.

3. Alternance vs Stage : le comparatif actualisé

Critère	Alternance	Stage
Durée	12 à 24 mois	2 à 6 mois
Rémunération	700 à 2 200 €/mois	660 €/mois minimum
Frais de scolarité	100 % pris en charge	Aucun financement prévu
Aides pour l’entreprise	Jusqu’à 6 000 €/an + exonérations	Aucune
Insertion professionnelle	82 % embauchés en 6 mois	52 % embauchés en 6 mois
Immersion professionnelle	Long terme (1 à 2 ans)	Courte (quelques mois)
Coût pour l’entreprise	Faible (aides de l’État)	Faible, mais peu d’investissement

 

Conclusion : une trajectoire durable

L’alternance ne relève plus d’une exception : elle est en passe de devenir la norme pour accéder à une formation de qualité et à un emploi stable. L’État, les entreprises, les établissements et les étudiants ont tous intérêt à en faire un pilier structurel du paysage éducatif français.

 

Christophe STALLA-BOURDILLON
Professeur à ICN et EM Lyon, Intervenant à Polytechnique et CentraleSupélec
5 août 2025

 

 

WORK-STUDY IN HIGHER EDUCATION : A SUSTAINABLE MODEL FOR ALL STAKEHOLDERS?

 

Work-study programs—combining academic learning and business immersion—continue to gain momentum in France. In 2024, over one million apprenticeship contracts were signed, compared to 300,000 in 2018—more than tripling in six years. Their success lies in a threefold benefit: strong government subsidies, fully covered tuition, and faster access to employment.

1. Key Benefits of the Model

For Students: Minimal Cost, Maximum Return

• Significantly higher pay than internships:
  • Under 18: €500 to €850/month
  • Ages 18–20: €800 to €1,100/month
  • Ages 21–25: €950 to €1,300/month
  • Over 26: full minimum wage (€1,766 or more depending on the sector)

 Interns still receive the legal minimum:  about €660/month (4.35 €/hour for 35h/week).

• 100% Tuition Coverage:
  • Top business and engineering schools charge €8,000 to €20,000 annually.
  • In a work-study program, employers fully cover tuition through the relevant OPCO.
• A Fast Track to Employment:
  • In 2024, 82% of work-study students found a job within six months, versus 52% for traditional students.

For Employers: A Strategic and Cost-Effective Tool

• Significant social charge exemptions: 30% to 40% cheaper than hiring a standard employee.
• State bonus of €6,000 per apprentice in 2024, regardless of age or education level.
• Net cost reduced:
  • A work-study student earning €1,000/month may cost less than €450/month after aid.
• A powerful pre-recruitment strategy: 72% of students are hired at the end of their contract.

For Schools and Universities: Enhanced Accessibility and Funding

• Broader access for students from modest backgrounds.
• Stronger business ties, ensuring better job prospects for graduates.

For the Government: A Long-Term Investment in Youth Employment

• €8.2 billion invested in 2024 to support apprenticeships.
• Youth unemployment dropped to 14.5% in 2024, down from 22% in 2017.
• Faster tax return: early job integration means earlier fiscal contribution.
•  

2. Limitations to Consider

For Students: Demanding and Rigid

• Intensive rhythm balancing work and studies.
• Fewer opportunities to change paths or explore other sectors.

For Employers: Time and Administrative Load

• Heavy paperwork compared to internships.
• Significant mentoring time needed to onboard the student properly.

For Schools: Curricular Overhaul Required

• Timetable reshuffling is needed to align with work periods.
• Closer coordination with company tutors is essential.

3. Work-Study vs. Internship: Updated Comparison

Criteria	Work-Study	Internship
Duration	12 to 24 months	2 to 6 months
Salary	€700 to €2,200/month	Minimum €660/month
Tuition Fees	Fully covered (€8,000 to €20,000/year)	No funding available
Employer Incentives	Up to €6,000/year + exemptions	None
Job Placement	82% employed within 6 months	52% employed within 6 months
Company Immersion	Long-term (1–2 years)	Short-term
Company Cost	Low (due to aid)	Low, but with limited training

 

Conclusion: A Model Here to Stay

Work-study is no longer an exception. It is rapidly becoming the preferred pathway to quality education and early employment. For the government, companies, institutions, and students alike, it offers a long-term, sustainable solution to the challenges of education and youth unemployment.

Christophe STALLA-BOURDILLON
Professor at ICN and EM Lyon, Guest Speaker at Polytechnique and CentraleSupélec
August 5, 2025