Novembre 2002
Alain Caire est un des enfants du professeur Caire, qui a enseigné de nombreuses années à Janson, et est actuellement directeur du département Sécurité et Environnement à la RATP. Il était notre invité d’honneur lors de notre dîner du 29 mars 2001.
Pour moi, Janson, tout d’abord, représente dix années de ma vie et j’y ai passé des années heureuses, de la sixième à la taupe. La seule année difficile a été celle d’hypotaupe : je n’ai jamais parlé avec mon prof puisque c’était mon père et que la règle d’or entre nous c’était qu’on ne se parlerait pas.
Fils de professeur (mon père a été nommé en 1943 et je suis né en 1941), j’ai le souvenir de gens tout à fait extraordinaires. Par exemple, j’ai eu un excellent professeur d’histoire-géo en première et en math élem : Jean Poperen. En taupe, j’ai aussi bien connu Marion, professeur de math en hypotaupe, l’homme à l’oeil de verre (à cause d’un éclat d’obus) et aux cheveux blancs (à la suite de l’épidémie de grippe espagnole). Il avait un grand béret vissé sur le crâne.
Janson, c’est un lycée merveilleux avec parfois des proviseurs à la forte personnalité… Par exemple, j’avais un bon copain dans les petites classes, qui nous avait quittés en quatrième pour aller, conformément à la tradition familiale, en Grande-Bretagne et était revenu au moment du bac ; il s’appelait Éric de Rothschild. J’étais très copain avec lui (je me souviens qu’il avait une 500 Norton sport et j’allais derrière)… Il allait être admis en taupe. Le jour de la collecte pour les oeuvres du lycée, il avait 500 anciens francs en poche et les a donnés, sans en parler à ses parents. Quand M. Sire, le proviseur, a su cela, il a dit qu’il était trop pingre et qu’on ne le garderait pas ! C’était dommage car avoir un Rothschild qui finissait ses études à Janson et qui poursuivait par une école d’ingénieur française plutôt que d’aller au Polytechnicum de Zurich, cela aurait été bien. (…)
Après Janson, je m’engage dans la Marine. Sur le bateau où j’étais officier en second, nous avons une discussion sur l’avenir – puisque je quittais bientôt la Marine, futur retraité de 28 ans – avec un jeune polytechnicien qui entrait à la RATP (il est d’ailleurs aujourd’hui directeur du service international de la RATP). De retour à Paris, j’en touche un mot à mon père qui me promet de parler de moi à Pierre Weill, alors directeur général de la régie et dont la fille, ancienne élève de mon père, venait d’intégrer l’École normale supérieure de Sèvres. S’ensuit une série d’entretiens assez cocasses. Rencontrant Pierre Weill, je lui déclare que j’aimerais m’occuper d’exploitation. Il appelle le directeur du personnel qui entre et dit quelque chose ; Weill commence à l’engueuler devant moi, donc je m’éclipse. Le directeur du personnel m’invite ensuite à passer dans son bureau. Entretien sympathique en fait et il appelle son adjoint qui lui aussi se fait engueuler ! Donc nouvel entretien plus concret avec ce dernier et le chargé du recrutement arrive. Bien entendu, il se fait engueuler lui aussi ! Il me dit alors d’aller voir mon futur directeur… donc je traverse Paris pour aller quai de la Rapée (siège du métro parisien). Il recevait des Mexicains, à propos de l’inauguration de métro de Mexico quelques mois plus tard. Il me présente à tout le monde et me déclare ensuite : « Bienvenue à la RATP, on se verra plus tard. »
Ma carrière s’est déroulée à la RATP, surtout à l’exploitation du métro. J’ai même été syndicaliste car je suis entré en rébellion contre un patron avec qui je n’étais pas d’accord (Claude Quin). J’ai été élu au comité d’entreprise, ensuite permanent syndical puis, quand il est parti, je suis revenu à mon poste.
Nommé directeur du métro par Christian Blanc, un homme tout à fait extraordinaire, j’ai été un des pères du projet Météor, la ligne 14, complètement automatique. C’est un autre métro et j’en suis assez fier.
J’ai changé de département après le départ de Christian Blanc pour prendre mon poste actuel. J’ai une position assez extraordinaire puisque, âgé bientôt de soixante ans et au maximum des échelons, je ne peux pas a priori espérer de l’avancement et on ne peut pas me virer !! Au pire, tout ce qu’on peut faire, c’est me payer à ne rien faire ! Dans une entreprise de 40 000 personnes, c’est extraordinaire d’avoir cette position et une grande liberté de parole. Cela me facilite la tâche car je m’occupe non seulement de la sécurité des personnes, mais surtout de la sécurité des systèmes, sécurité ferroviaire, sécurité incendie et la prévention des catastrophes naturelles. Pour le moment, le seul gros risque naturel que nous avons, c’est l’inondation, comme celle de 1910 qui serait catastrophique pour les cent trente-huit kilomètres de tunnels du réseau.
L’Association amicale des anciens élèves du lycée Janson-de-Sailly, Les Jansoniens (AEJS), existe depuis 1891, sept ans après l’ouverture du lycée. Fidèle à la tradition de Janson qui a toujours cultivé l’excellence, le pluralisme, et porté haut les valeurs de la République, solidement ancrée dans les réalités du monde contemporain, Les Jansoniens sont délibérément tournés vers l’avenir, vers celles et ceux qui fréquentent aujourd'hui l'établissement, qui se préparent à animer, vivre et piloter le monde de demain. Les Jansoniens n'oublient pas pour autant celles et ceux "qui sont passés par Janson", ravis de retrouver avec Les Jansoniens des amis, un climat, une ouverture et une communauté d'esprit qui ont marqué de leur empreinte leur personnalité.
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