André Célarié, l’engagement chevillé au corps
Certains peuvent s’étonner de voir lire une biographie sur le site des Jansoniens et pourtant sa vie est liée à Janson à tout jamais car il fût l’un des combattants du bataillon du 2ème choc qui s’illustra dans les combats de la vallée de la Doller en 1944-1945
Qui était André Célarié qui a traversé le siècle des débuts de l’audio-visuel à sa retraite dans le hameau paisible de Montourgard sur la presqu’île de Crozon ?
Un mot suffit pour répondre à cette question : ce mot est « engagement ».
Il est parisien puisque né à Paris le 15 septembre 1922 et de ce Paris d’avant-guerre il en a gardé la gouaille de l’enfant puis de l’adolescent qui se bat pour aider sa mère ; à 15 ans juste au sortir de l’école il multiplie les emplois. Trop jeune pour être mobilisé en 1939, il est par la suite incorporé dans l’Armée de l’armistice. Il est envoyé dans un camp de travail forestier en Bretagne d’où il s’échappe pour rejoindre Paris. Pendant les années d’occupation il réussit à être embauché dans une usine de la banlieue parisienne échappe au STO et au moment des combats de la libération, il s’engage dans le bataillon qui est en train de se constituer au lycée Janson de Sailly en face de chez lui.
Dans le livre « le bataillon du 2ème Choc », il est indiqué qu’il a rejoint le bataillon dès septembre 1944 et est intégré dans la 2ème compagnie sous les ordres du capitaine Raymond Mail de Hinzelin. Il fait partie de ceux qui ont fui nuitamment le lycée pour rejoindre la Première Armée à Gray puis le camp de Valdahon. L’entraînement y est dur et dure jusqu’en novembre. Le départ du camp est fixé au 22 novembre 1944. L’objectif est d’atteindre le Rhin. Le bataillon est engagé dans une manœuvre difficile : il s’agit de renforcer le point faible du déploiement de la 1ère Armée au niveau de la vallée de la Doller et de conquérir Masevaux, premier village d’Alsace solidement tenu par les troupes allemandes.
Le combat s’engage le 26 novembre 1944 et le village est officiellement libéré le 29 novembre. Les blessés et les morts furent nombreux, un quart du bataillon est touché.
James de Coquet dans son article publié par Le Figaro du mardi 5 décembre 1944 écrit : « Je n’ai qu’à fermer les yeux pour les revoir, vêtus de leurs capotes marbrées de sang, et couchés côte à côte à même le plancher de l’école. Ces dormeurs au teint de plomb, aucune cloche ici-bas ne les réveillerait plus. La bataille se terminait à peine. De temps à autres, un obus de 105 éclatait ici ou là pour rappeler que l’ennemi ne se tenait pas pour battu. Aussi n’avait-on pas eu le loisir d’édifier une chapelle ardente pour cette jeunesse moissonnée. Cela lui avait épargné la pompe et le conformisme des morts glorieuses. Par-delà la mort, ces héros restaient des potaches endormis dans un dortoir improvisé ».
André Célarié est blessé lorsque la compagnie est engagée : elle franchit le pont nord puis est bloquée au niveau de l’église qui est dans la ligne de mire des Allemands installés dans le cercle catholique. Remis de ses blessures il rejoint le bataillon qui est parti vers le sud participer à la libération de Colmar.
Il suit le général de Lattre de Tassigny et stationne dans la petite ville autrichienne de Dornbirn au sud du lac de Constance. C’est là que le bataillon est dissous le 30 septembre 1945 mais André Célarié restera fidèle à son souvenir et participera aux différentes commémorations organisées à Masevaux et à Paris.
Une nouvelle opportunité d’engagement se présente à lui : à partir d’octobre 1945, dans la zone d’occupation française, est créée Radio Coblence » destinée à remplacer les organismes nazis. Cette radio manquait de personnels et André Célarie se porte volontaire alors que rien ne le prédisposait à cela. Il y apprend le métier, les techniques de l’information vérifiée qu’il préférera toujours à la nouvelle spectaculaire. Cet engagement dominera la suite de sa vie.
Libéré de ses obligations militaires et appréciant ce monde récemment découvert, il tente sa chance à Radio Maroc avant l’indépendance de ce pays proclamé en 1956. Rentré en métropole en 1955, il y rencontre celle qui deviendra son épouse et son premier public.
Avec elle, il multiplie les contrats de coopération dans une Afrique qui connaît ce que l’histoire a retenu comme étant la période de la décolonisation. Il apprend et engrange une expérience hors du commun. Néanmoins pour avoir une place mieux reconnue, il est incité à intégrer l’École des Hautes Études en sciences sociales. Titulaire d’un diplôme attestant son cursus, il rejoint l’ORTF puis après le démantèlement de cet organisme d’État, TF1 jusqu’en 1980. Il défend dans ces instances la volonté de transmettre une information vraie et refuse l’évolution de ces organismes qui préfèrent porter leurs efforts sur la communication.
Il préfère revenir sur le terrain, choisit le Royaume-Uni qui connaît alors une période d’affrontements sanglants en Irlande du Nord, puis la RFA juste avant la chute du mur de Berlin.
Ces différents engagements sont autant d’expériences qui serviront de trame à ses romans écrits pendant trente ans alors qu’il est retiré avec son épouse sur la presqu’île de Crozon. Mais il ne s’agit pas d’une retraite cachée dans un petit hameau à l’abri des regards. Ce fut une retraite active où son épouse, écrivain public bénévole, et lui-même participèrent à la vie locale, animant des causeries, accompagnant des jeunes du RMI en centre Bretagne en compagnie du journaliste Pascal Bodéré dans l’écriture d’un journal paru dans le Poher Hebdo sous la forme d’un encarté. Amoureux de la Bretagne, il a également présidé l’association des journalistes bretons et des pays celtiques.
Un siècle d’engagements successifs, une formidable vie où il a su saisir les opportunités, voici ce que tout jeune jansonien doit retenir du parcours d’André Célarié. Il est resté fidèle toute sa vie à cet engagement du bataillon du 2ème : « En pointe toujours ».
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